Pour quelles raisons nous présentons-nous
?
Nous nous associons pour lessentiel aux prises de
position de nos collègues administrateurs élus au nom des syndicats CGT et CFDT à la
CAP des administrateurs.
Nous sommes tout dabord préoccupés par la
défense de la mission de service public dinformation statistique, avec ce que cela
nécessite dindépendance par rapport à tous les pouvoirs et groupes
dintérêts, mais aussi de moyens humains et financiers. Sur ce point, nous sommes
forcés de constater deux choses. Dune part notre capacité à mener à bien des
projets importants (tel aujourdhui, le futur recensement rénové) se heurte à la
politique affichée de baisse des effectifs de lensemble du service public et peut
amener à la sous-traitance ou à labandon dune partie de nos missions parce
quelles nécessitent des moyens humains. Dautre part, la discussion des moyens
nécessaires au système statistique en période courante se fait comme sil
sagissait de moyens ordinaires de fonctionnement, sans réelle analyse des avantages
retirés par la communauté de ce que nous produisons.
Des efforts sont nécessaires pour faire évoluer cette
situation inquiétante pour lavenir. Par ailleurs, nous restons fermement attachés
à la diversité des spécialités et des métiers dans le système statistique :
méthodologie, statistique, synthèses, études, diffusion, gestion et encadrement. Cela
donne une grande solidité à lensemble du système et permet des carrières riches
et variées. Enfin, nous considérons que lefficacité dans les fonctions de
responsabilité est à rechercher dans le développement des capacités et de
linitiative de toutes les catégories de personnel, ce qui suppose information,
partenariat et clarté des arbitrages ainsi que rigueur et fermeté lorsque cest
nécessaire.
Notre candidature est motivée par notre attachement à
un syndicalisme aussi unitaire que possible, associant tous les grades et tous les agents
de létat, à la différence du syndicalisme catégoriel. Dans la défense du
service public et de ses agents, cela conduit à privilégier ce qui est commun à toutes
les catégories et non pas ce qui est particulier. Cela nexclut en rien
lanalyse précise de la situation de notre corps, sa comparaison avec ceux qui lui
sont proches et la défense des intérêts matériels et moraux de ses membres. Mais on
naméliorera pas durablement la situation des cadres supérieurs indépendamment de
ce qui se passe pour les autres catégories. Les conditions matérielles et morales de
leur activité professionnelle sont en effet liées étroitement à celles qui
sappliquent à tous les agents de létat.
Que ferons-nous si nous sommes élus ?
Au sein de la CAP, nous confronterons les points de vue
résultant des réflexions associant toutes les catégories de personnel, à
linitiative des syndicats, avec ceux que nos collègues de la parité administrative
obtiennent du fonctionnement courant de lorganisation du système statistique, qui
traduisent essentiellement les façons de voir des cadres en situation hiérarchique.
La CAP est convoquée principalement pour préparer les
promotions en inspecteur général. Les nominations sont presque exclusivement liées à
laccès à des postes de responsabilité. Or les procédures dannonce des
vacances de postes et de dépôt des candidatures continuent à manquer fortement de
transparence et dégalité selon les postes occupés par les candidats éventuels.
Nous insisterons avec fermeté pour que cette situation saméliore rapidement.
Cest un des points où les méthodes concrètes de lINSEE paraissent
inutilement décalées par rapport à ce qui se fait ailleurs : appels explicites aux
candidatures, délais raisonnables, etc. Nous agirons pour que la quasi-exclusivité de
laccès aux postes hiérarchiques comme critère de nomination soit atténuée. A
condition de définir et de faire fonctionner une évaluation équitable dautres
fonctions, scientifiques ou détudes, il est possible et souhaitable de promouvoir
des collègues qui ont choisi un itinéraire dapprofondissement, au profit du
service public, plutôt que dencadrement. Cette évolution raisonnée permettrait de
corriger les quelques excès de la politique de mobilité, bonne dans lensemble, et
déviter que certains sobligent à assumer des fonctions danimation
alors que leurs talents seraient mieux employés dans dautres fonctions. Nous
recueillerons, comme il est de tradition, les suggestions des membres du corps en ce qui
concerne les promotions à envisager, de façon à compléter notre information. Si les
sièges sont partagés avec une autre liste, nous proposerons à nos collègues de
travailler ensemble à ce sujet. Les délais de nomination, même lorsque toutes les
conditions sont remplies, tendent à sallonger au préjudice des collègues
concernés, du fait de la situation démographique du corps. La vigilance sur ce point et
lobtention des surnombres nécessaires restent donc de mise.
Ce que nous avons fait au delà du cadre des
CAP
Les syndicats CFDT et CGT tiennent à maintenir une
réflexion permanente et en profondeur sur les missions du service public de
linformation statistique et des études économiques, sur sa place dans la
société, sur lévolution du service public en général et sur la préservation
des valeurs qui y sont attachées. Ils ont ainsi organisé deux colloques, " Quelle
information pour quelle société ? " et " Statistique sans conscience
nest que ruine
", qui ont été des succès, non seulement quant au
nombre de participants et au haut niveau des communications, mais aussi par leur reprise
dans le débat public et leurs répercussions dans lInsee.
Enfin, ils jouent un rôle essentiel dans les Comités
Techniques Paritaires (CTP) où sont débattues les grandes orientations de
lInsee : études, orientations à moyen terme, diffusion, formation,
informatique
La société est gourmande de
chiffres
La profusion de chiffres et détudes de toutes
sortes, sur tous les sujets, leur utilisation par les médias et les commentateurs de la
vie politique et sociale le montrent. Le système statistique public est, a priori, bien
placé pour répondre avec pertinence au besoin de comprendre, déclairer
lactualité, le débat public.
Pour nos syndicats, ce besoin est dabord celui
dune information économique et sociale de qualité, fondée sur des statistiques
solides et des raisonnements rigoureux. Cela est dautant plus vrai que la réalité
est de plus en plus difficile à appréhender. Lintégration européenne et
linternationalisation des économies bouleversent en profondeur linformation
statistique et les études économiques. Lharmonisation des nomenclatures, des
enquêtes, des indicateurs, bouscule notre système statistique national. En même temps,
la décentralisation et les politiques sociales ciblées font exploser les besoins en
statistiques locales. Le développement de lévaluation des politiques publiques va
également engendrer de nouveaux besoins spécifiques dinformation. Une réflexion
stratégique à moyen et long terme devient dautant plus nécessaire pour le service
public de linformation statistique et des études économiques et sociales.
Pour un service public
de statistiques : lINSEE et
les SSM constituent un service public menant des opérations de collecte et de traitement
de linformation répondant à la demande sociale, tant celle des pouvoirs publics
que des acteurs sociaux et économiques. Le fondement de tout institut en charge de
statistique publique réside dans la production statistique ; il doit garder la
maîtrise des opérations de collecte (recensements, enquêtes, répertoires). Le besoin
dinformation est incommensurablement supérieur aux seuls besoins privés solvables,
ce qui fait la spécificité de la mission de lINSEE et des SSM :
linformation économique et sociale est avant tout un bien collectif qui a vocation
à éclairer les débats publics et non une marchandise.
détudes et de diffusion :
le rôle de lINSEE et de plus en plus de SSM est dans ce domaine irremplaçable. Le
rapprochement entre statistiques et études (valorisant les sources statistique ou à
caractère de recherche) est un grand atout. Il introduit des exigences de qualité, il
permet des retours rapides sur les problèmes méthodologiques et sur les besoins
dinformation. Il doit sinscrire dans un cadre de pluralisme en matière
détudes, dautant plus nécessaire que les études ont un caractère de
recherche, qui est la meilleure façon denrichir les approches et de tester la
fiabilité et la cohérence des sources. Ce rapprochement ainsi que la large diffusion des
études et des statistiques contribuent également à la reconnaissance de lINSEE et
des services de statistiques et détudes publics, en France et à létranger,
et à leur participation au développement des sciences économiques et sociales.
indépendant : cette mission, les
statisticiens du service public ne peuvent lassumer pleinement quen toute
indépendance. Attentif à la demande sociale, lINSEE et les SSM, tout en consultant
largement, doivent y répondre en étant maîtres des approches et méthodologies
choisies, clairement explicitées, sans chercher à plaire ou à déplaire ni aux pouvoirs
en place, ni à quiconque. Il convient dêtre particulièrement vigilants pour que
le calcul de certains indicateurs ou la participation à des opérations
dévaluation des politiques publiques ne fassent pas lobjet dune
pression particulière. Lindépendance de lINSEE, importante en soi, doit
aussi contribuer à être un rempart contre les pressions qui peuvent sexercer sur
les travaux des autres services statistiques.
Lefficacité du service public en
question
LINSEE et le système statistique public disposent
datouts certains pour faire face aux demandes et investir de nouveaux champs
dinvestigation. Dune part grâce à la qualité de la formation initiale de
ses cadres, et à leur souci de préserver lindépendance de leur service,
dautre part grâce aux savoir-faire accumulés au fil du temps, enfin, grâce à
loriginalité du système français où linstitut central de statistique et
plusieurs services ministériels sont aussi en charge de faire des études.
Labsence de recrutement suffisant nuit à la
réalisation dun service public de qualité. Beaucoup de travaux se font avec trop
peu de personnel pour assurer une excellence revendiquée par tous les agents.
Lorganisation des travaux, souvent trop cloisonnée, limite les échanges entre
collègues, pourtant indispensables pour enrichir les approches de chacun. Par ailleurs,
la stagnation des effectifs a aussi des conséquences négatives en termes de progression
de carrière. Nous réclamons des propositions sur lévolution des emplois à
lINSEE dans les 10 ans à venir, en liaison avec les évolutions nécessaires et
possibles (réduction du temps de travail en 2002, importante vague de départs en
retraite dès 2006).
Les modes de gestion quimposent la direction de
lINSEE et de certains autres services pèsent également sur laccomplissement
des missions, notamment en liant fortement mobilité et promotion. Ladministration
savère être dans lincapacité douvrir des perspectives positives de
mobilité à certains agents, notamment en région. Elle ne prend pas suffisamment en
compte les problèmes sociaux et familiaux engendrés par une mutation. Mais, cédant à
une mode pseudo-managériale, la direction pousse lensemble des collègues à être
toujours plus mobiles
y compris là où la stabilité serait
souhaitable ! Les cadres sont ainsi incités à un véritable mouvement brownien,
trop souvent en contradiction avec les besoins de continuité de service,
daccumulation de compétences et démergence dune mémoire collective.
De ce fait, les réseaux de collaboration indispensables au service public de statistiques
et détudes économiques sen trouvent affaiblis. Un type de parcours
professionnel est a priori privilégié, qui nest pas celui de lexpertise
technique et scientifique.